Henri le Navigateur, prince de l’Algarve et des grandes découvertes
Rédigé le : 08 Août 2019 Par : Melchior Burin des Roziers
Dom Henrique (1394-1460) dit Henri le Navigateur, infant du Portugal et gouverneur de l’Algarve, est considéré comme l’un des fondateurs de l’ère des grandes découvertes et de la traite négrière dans l’Atlantique. N’étant ni marin, ni navigateur, l’épithète qu’on lui attribue est seulement honorifique. Mais le mécène Henri a lancé bon nombre de navigateurs sur les mers et demeure par la même occasion la figure de proue de l’expansion coloniale européenne.
Né à Porto en 1394 et 3ème fils survivant du roi du Portugal, le prince Henri reçoit une bonne éducation scientifique et s’intéresse très tôt aux mathématiques et aux sciences astronomiques.
En 1415, il parvient à convaincre son père d’attaquer les Maures d’Afrique et de prendre la ville de Ceuta (Maroc). En effet, depuis quelques temps, des pirates maures harcèlent les côtes portugaises depuis ce port et s’en prennent aux habitants qu’ils vendent dans des marchés aux esclaves. En août de l’année suivante, Ceuta est prise. Henri découvre alors les marchandises venues des routes commerciales du Sahara, ce qui suscite chez le jeune prince un grand désir de conquête en Afrique, continent dont les Portugais ne savent presque rien. Sa vocation est née : répandre le christianisme au sein des populations musulmanes et exploiter les ressources de l’Afrique au profit du royaume.
Henri s’installe sur la péninsule de Sagres dans l’Algarve et y repeuple le village de Terçanabal, que l’on appellera bientôt Vila do Infante (ville de l’Infant). Ce recoin, proche de Cap Saint-Vincent (considéré à l’époque comme le bout du monde) et non loin de Lagos, devient alors une base de haute technologie avec : son arsenal naval, son observatoire, son école pour l’étude de la géographie et de la navigation. Henri y fait venir les meilleurs cartographes marins de Majorque et en fait un endroit réputé en Europe. Chaque année, le prince envoie des vaisseaux vers les côtes occidentales de l’Afrique pour en savoir davantage sur le continent.
1419, c’est officiel : Henri est nommé gouverneur de l’Algarve.
Un travail qui porte ses fruits : les grandes découvertes
Ayant été nommé gouverneur du très riche ordre du Christ en 1419, Henri ne manque pas de ressources pour entreprendre ses expéditions. Après avoir envoyé ses équipages portugais sur les mers, le prince Henri obtient en retour de grandes découvertes très prometteuses pour les futures colonies. Après Porto Santo et Madère, une multitude de territoires sont atteints, notamment le cap Bojador, le cap Branco, la baie d’Arguin, le cap Vert, la Sénégambie, les Açores, etc.
L’opinion publique enterre définitivement cette vieille idée selon laquelle la zone équatoriale était inhabitable. Henri contribue fortement à la prospérité de son pays avec toutes ces colonies établies.
La traite négrière, côté obscure
Si l’immense contribution du prince Henri à la prospérité portugaise fait l’objet d’une vénération générale, il faut néanmoins souligner qu’il est de ce fait l’un des fondateurs de la traite négrière de l’Atlantique. Par exemple, Nuno Tristão et Antão Gonçalves, envoyés en Afrique avec le parrainage de Dom Henrique, ont capturé bon nombre d’hommes à partir de 1441. Ces hommes ont ensuite été déportés vers le Portugal. Parmi ces esclaves, un chef africain a réussi à négocier son retour en promettant de fournir d’autres hommes en échange. Les sociétés commerciales se sont ensuite enrichi en exploitant largement cette main d’oeuvre, en plus de toutes les richesses fournies par la colonisation des terres.
Mais quand Henri le Navigateur s’éteint 1460 à Sagres, sa grande postérité est inscrite pour l’éternité dans l’histoire du Portugal. A tel point que de nombreuses statues sont construites à son effigie, notamment cette magnifique statue de 1960 érigée à Lisbonne pour commémorer le 500ème anniversaire de sa mort : Padrão dos Descobrimentos, qui le représente en tête d’une longue file de navigateurs. Les hommages nationaux iront jusqu’à le représenter sur les billets de 10 000 escudos, en 1994.